Dans un contexte international de plus en plus instable, les tensions géopolitiques ne cessent de croître, affectant directement les marchés de l'énergie et des matières premières. Entre les attaques houthis en mer Rouge, la fermeture imminente du pipeline Druzhba par l'Ukraine, et la hausse des métaux précieux comme l'or et l'argent, les investisseurs sont confrontés à des enjeux cruciaux pour protéger leur patrimoine. Cet article explore comment ces événements affectent l'économie mondiale et pourquoi il pourrait être judicieux de se tourner vers des actifs refuges comme les métaux précieux.
1. Les houthis frappent deux pétroliers en Mer Rouge, intensifiant les tensions régionales
Lundi 3 septembre 2024, deux pétroliers ont été attaqués en mer Rouge par les Houthis yéménites, marquant une nouvelle escalade dans le conflit régional. Selon des sources militaires américaines citées par Reuters, l'un des pétroliers, le Blue Lagoon I, battant pavillon panaméen, a été touché, ainsi qu'un autre navire saoudien, l'Amjad. Les Houthis ont revendiqué la responsabilité de l'attaque contre le Blue Lagoon I, mais n'ont pas mentionné le navire saoudien.
Le Blue Lagoon I transportait du pétrole russe depuis le port d'Oust Louga, bien que les Houthis aient précédemment affirmé qu'ils ne viseraient pas les navires russes ou du Moyen-Orient. D'après le rapport de l'Associated Press, l'attaque pourrait être liée aux récentes escales de navires affiliés à l'opérateur du pétrolier en Israël.
Les deux pétroliers n'ont pas subi de dégâts majeurs et ont pu poursuivre leur voyage. Le navire saoudien Amjad a une capacité de 2 millions de barils de pétrole brut, tandis que le Blue Lagoon I peut transporter jusqu'à 1 million de barils.
Cette attaque survient dans un contexte de tensions accrues depuis que les Houthis ont élargi leur campagne de frappes en mer Rouge. Depuis novembre dernier, le groupe s'en prend aux navires transitant par le détroit stratégique de Bab el-Mandeb en réponse aux bombardements israéliens sur Gaza. Initialement, les Houthis avaient déclaré ne cibler que les navires israéliens ou ceux de leurs alliés, mais les récentes actions montrent un élargissement de leur champ d'attaque.
L'armée américaine, par le biais du Centre conjoint d'information maritime, a qualifié ces attaques de "terrorisme irresponsable", accusant les Houthis de déstabiliser le commerce mondial et de mettre en péril la sécurité maritime. En dépit des tentatives des États-Unis et de leurs alliés pour limiter ces actions, la menace continue de croître dans cette région cruciale pour le commerce mondial.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas en octobre, plus de 80 navires marchands ont été ciblés par des missiles et des drones houthis, soulignant l'érosion de la dissuasion occidentale dans la région. Malgré ces perturbations, les marchés pétroliers restent focalisés sur les données économiques chinoises, reléguant au second plan les risques croissants dans le sud de la mer Rouge, un des principaux points de passage du commerce mondial de pétrole.
Les analystes continuent de surveiller l'évolution de la situation, bien que l'attention du marché reste concentrée sur les récentes données économiques et les prévisions de l'OPEP concernant le prix du baril de Brent.
2. L'Ukraine annonce la fermeture du pipeline Druzhba, ajoutant une nouvelle prime de risque pour l'Europe
En parallèle à ces tensions au Moyen-Orient, une autre annonce vient exacerber les craintes sur les marchés de l'énergie. L'Ukraine a déclaré que le transit de pétrole russe via le pipeline Druzhba, qui traverse l'Europe de l'Est, sera interrompu à partir de janvier 2025. Selon les informations relayées par les médias ukrainiens, cette décision inclut également la suspension du transit du gaz naturel russe.
Mykhailo Podoliak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, a confirmé cette information, précisant que les pays européens comme la Slovaquie, la Tchéquie et la Hongrie, qui dépendent du pétrole russe via cet oléoduc, devront diversifier leurs approvisionnements. Cette décision s'inscrit dans une stratégie plus large de l'Union européenne visant à mettre fin à la dépendance aux combustibles fossiles russes depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Podoliak a également évoqué que, bien que le transit du gaz russe soit également concerné, l'Ukraine pourrait faciliter l'acheminement de gaz kazakh ou azerbaïdjanais si les pays européens en avaient besoin. Toutefois, certains responsables, comme le Tchèque Vaclav Bartuska, ont réagi avec prudence, affirmant qu'il faudra attendre pour voir si cette menace se concrétise.
L'annonce intervient alors que l'Europe se prépare à l'hiver et que les marchés de l'énergie sont déjà tendus. Le prix des contrats à terme néerlandais TTF NatGas, référence pour le gaz en Europe, est en hausse depuis février, atteignant près de 40 euros par mégawattheure. Bien que les niveaux de stockage de gaz soient élevés, cette décision pourrait exacerber la volatilité sur les marchés européens de l'énergie.
Cette évolution souligne une volonté occidentale d'affaiblir l'économie russe en coupant les flux d'hydrocarbures, qui constituent une source de financement clé pour Moscou. En parallèle, l'Ukraine a intensifié ses efforts pour frapper les infrastructures énergétiques russes, notamment via des attaques de drones sur des raffineries et des installations de stockage.
L'Europe, quant à elle, se trouve à la croisée des chemins, cherchant à maintenir des approvisionnements énergétiques stables tout en se détachant des combustibles fossiles russes, une tâche rendue plus complexe par les récents développements en mer Rouge et dans le secteur énergétique ukrainien.
3. Volatilité accrue : vers une explosion des prix des matières premières et métaux précieux
Les événements récents en mer Rouge et en Europe de l'Est pourraient avoir des répercussions importantes sur les marchés mondiaux des matières premières. Les perturbations des flux de pétrole via le pipeline Druzhba et les attaques contre les pétroliers en mer Rouge créent une incertitude géopolitique supplémentaire, susceptible de faire grimper les prix de l'énergie à des niveaux inédits. Cette situation pourrait à son tour stimuler la demande de matières premières et de métaux précieux, considérés comme des refuges sûrs en période de crise.
Le prix de l'or, déjà proche de ses plus hauts historiques, pourrait continuer de monter à mesure que les investisseurs cherchent à se protéger contre les incertitudes économiques et géopolitiques. De même, l'argent, souvent sous-évalué par rapport à l'or, pourrait également profiter de cette situation. Les métaux précieux jouent un rôle crucial en tant que réserve de valeur en période de volatilité des marchés, et les récents développements renforcent leur attrait en tant qu'actifs de protection contre les risques systémiques.
Comme l'a noté Stefan Gleason de Money Metals, la demande pour l'or et l'argent ne cesse de croître, non seulement auprès des investisseurs individuels, mais également des banques centrales, qui augmentent leurs réserves de métaux précieux pour renforcer leurs bilans. Les sociétés minières, bien que confrontées à des défis, pourraient également bénéficier de la hausse des prix des métaux, à condition qu'elles sachent capitaliser sur la situation en augmentant leurs propres réserves d'or et d'argent.
Il est donc plus pertinent que jamais pour les investisseurs de se renseigner sur les opportunités que représentent les investissements dans les métaux précieux. L'or et l'argent, en particulier, offrent une protection contre les turbulences sur les marchés des matières premières, tout en conservant une valeur intrinsèque qui transcende les fluctuations économiques. Alors que les tensions géopolitiques continuent d'alimenter l'incertitude, ces actifs pourraient bien devenir des choix judicieux pour sécuriser son patrimoine.
Conclusion
La montée des tensions en mer Rouge et en Europe de l’Est, couplée à la volatilité des prix de l’énergie, semble inévitablement renforcer l’attrait pour les métaux précieux. L'or et l'argent, valeurs refuges par excellence, apparaissent comme des solutions fiables face aux incertitudes géopolitiques et économiques. Pour les investisseurs cherchant à se prémunir contre les fluctuations des marchés, un intérêt renouvelé pour ces matières premières pourrait être la clé pour sécuriser leur patrimoine face à l’avenir incertain qui se dessine.